Semaine 12,13,14 on ne les compte plus et pourtant il y a de cela quelques mois, quatre à peine, nous étions toutes et tous dispersés, un peu plus bronzés, un brin alcoolisés sur les plages ensoleillées, l’esprit divaguant à des activités futiles qu’on imagine plus aujourd’hui. Cet article se présente comme une invitation au voyage, une invitation à oublier un moment le violent froid hivernal s’ajoutant à notre impertinent retard académique pour se replonger dans l’euphorie de l’échappée belle estivale.
Chaque été nombre d’étudiants et étudiantes décident de voyager en Europe à l’aide du pass interrail. Nous les avons rencontrés et leur avons posé diverses questions pour qu’ils nous comptent leurs fabuleux périples. Leurs récits motiveront pour sûr certains et certaines d’entre vous à lâcher prise une fois les redoutés examens du mois de janvier terminés.
Plus généralement la pratique de l’interrail est un moyen de voyager, économique et durable, permettant de parcourir les pays d’Europe en payant un unique ticket. Ce ticket est un sésame pour accéder à des trajets de train, plus ou moins chers. Ce pass interrail peut être en usage sur deux mois comme sur deux semaines. Il comporte plus ou moins de «trajets» que l’on peut répartir à sa guise sur la période choisie pour visiter un maximum de pays. En moyenne compter 270.- pour 7 destinations sur 1 mois. De rapides calculs pourront attester l’avantage d’un tel investissement.
Parcours N°1 : Lausanne - Berlin - Prague - Vienne - Budapest - Zagreb – Split
De Lausanne à Split en passant par Berlin, un trajet vertical, des villes jusqu’aux plages paisibles.
Comment s’est déroulé votre interrail et qu’est ce qui a déclenché l’envie d’en faire un ?
Aure: j’ai entendu ma colocataire discuter du concours DiscoverEU avec ses potes un soir et j’ai eu envie de tenter avec mes amis. On a eu beaucoup de chance, notre groupe a été sélectionné. Je me souviendrai toujours du moment où on a reçu la réponse, en pleine révision de janvier quand le moral est à son point mort à cause du froid et du travail à répétition. Tu vois le truc, tu penses pas du tout à ce que tu vas faire cet été et là t’as un super voyage qui te tombe dessus, le tout gratuit en plus ! On a commencé notre interrail 6 mois plus tard, au retour des beaux jours. Le voyage a duré un peu moins de 3 semaines, c’était une folle expérience.
J’ai vu la liste des pays visités, ça parait énorme comme ça, comment vous avez vécu cet enchaînement de culture ?
Anton: C’était très condensé. 6 destinations en 20 jours c’est assez énorme, ça permet vraiment de comparer les pays que tu visites à chaud. Mettre en parallèle le fonctionnement, l’amabilité des locaux, le côté plus ou moins touristique de la ville…
Joanna : Les prix aussi ! C’est tellement flagrant quand tu passes de la Suisse à des pays de l’Est où ton pouvoir d’achat explose. Le plus marquant c’était à Budapest, les bières étaient accessibles pour trois fois rien et les restaurants devenaient une banalité. Le retour à la réalité est assez douloureux surtout quand ton capuccino redevient 5 fois plus cher.
Et niveau déplacement en train, c’est quelque chose de facile dans tous les pays où il y a des exceptions ?
Louisa : Globalement c’est assez facile, on installe au préalable une appli sur laquelle on peut réserver à l’avance ses trajets, ça génère un ticket qu’on montre au contrôleur et tout roule. Le seul bémol c’est que les places ne sont pas numérotées, on est un peu des +1 dans les trains qu’on réserve donc s’il y a forte affluence on se retrouve automatique dans l’inter wagons au sol. Une expérience authentique et odorante.
Sinon le trajet le plus insolite a été celui liant Zagreb à Split en Croatie. Le train censé relier les deux villes en 4h en a mis 7, c’était la première fois qu’on voyait ça, le chauffeur s’arrêtait pour inviter les passagers à faire une pause pipi sur le bas-côté ou encore pour fumer une cigarette. On a eu droit à une panne de clime en prime et comme c’était pendant la canicule le train était en total surchauffe. Petit conseil : emporter un éventail pour s’aérer, ça paraît ridicule mais c’est jamais de trop.
© Jeanne Charlot
Bonne idée les petits conseils comme ça, je vous redemanderais à la fin de m’en donner deux trois autres supplémentaires.
Louisa : Et cerise sur le gâteau, les anglais dans le train qui chantent du Britney en buvant leur litre de bière! Trajet très folklorique.
Adam : Pour revenir sur nos trajets en train on n’a eu aucun autre problème mais malheureusement on a pas fait un voyage full train. On a pris deux fois l’avion pour relier Lausanne à Berlin et à Split. Principalement par choix, faire ces trajets en train nous paraissait inconcevable et les prix des avions étaient très attractifs à l’époque. Donc on a un peu failli à notre mission environnementale, mea culpa on fera mieux la prochaine fois.
Sur place vous logiez chez des amis, dans des hôtels…?
Louisa : On a essayé de mixer les deux pour ne pas débourser trop d’argent. C’est à Berlin où nous avons eu le plus de chance, un ami de section partis là-bas en échange nous a trouvé des chambres en sous-location dans sa résidence. Je dois dire que ça nous a vraiment sauvé parce que les alternatives Airbnb étaient toutes hors de prix et globalement pas très bien situées. L’ambiance dans la résidence était particulièrement prenante, musique techno toute la nuit et réveil en comédie musicale. Entre salles de bain et cuisines partagées, on a reconsidéré notre confort à Lausanne!
Adam : Pour les autres villes nous avons au préalable réservé des Airbnb. Il faut faire attention à ce que les apparts loués soient tous bien situés! C’est super important surtout si tu as trois jours pour visiter la ville.
© Jeanne Charlot
Niveau moyen de transport vous étiez plus vélo, métro ?
Aure : On était parti du principe qu’on emprunterait des vélos, Nextbike semblait bien faire l’affaire mais en fait trouver des bornes, payer à chaque fois, pousser une carcasse de ferraille un peu trop lourde… C’était pas si bien que ça au final. On s’est retrouvé à sillonner la majorité des villes à pied. L’exercice n’était pas si désagréable, tu as le temps de te perdre dans les rues, de choisir un peu au pif où tu tournes et de te retrouver dans des musées ou des bars bien sympas! Il faut juste avoir une idée du quartier dans lequel tu es (surtout à Berlin). Sinon prendre le métro une fois ou deux c’est toujours intéressant. C’est là qu’on s’est rendu compte que tous les métros étaient similaires, seule la couleur changeait.
Du coup je vous repose la question, est ce que vous auriez des conseils à donner à un groupe qui veut se lancer ?
Anton : Prévoir à l’avance les activités pour ne pas se retrouver paumé, avoir un sac relativement léger, penser à dormir chez des potes pour alléger les frais, ramener une gourde et un éventail…
Louisa : Un appareil argentique pour garder des souvenirs sympas !
Adam : Partir avec des potes avec lesquels tu t’entends bien ! Sinon c’est le dawa.
Parcours N°2 : Italie- Pays bas- Autriche- Bulgarie-Slovaquie- Danemark
Un voyage en solitaire sur deux mois, l’aventure d’une vie.
Pourquoi avoir décidé de partir seul ? ça impressionnerait plus d’une personne et tout le monde n’aurait pas l’audace de se lancer dans un voyage solo aussi long !
Mael : Principalement pour la liberté qu’un tel voyage procure. Partir seul c’est être libre de sa propre organisation, se laisser l’opportunité de prendre des décisions à l’improviste, s’adapter à son environnement à son propre rythme et surtout faire des rencontres! Je n’étais pas du tout freiné par le fait d’être seul, au contraire ! Sur deux mois c’est certainement un challenge, pour ma part ça a été très réussi. Pour information je suis parti début juillet, j’ai fait un stage entre les deux mois et je suis revenu mi-septembre.
J’ai visité 6 pays en tout et c’est en Italie que j’ai passé le plus de temps, je suis vraiment tombé amoureux de ce pays! Dans certaines destinations mon séjour s’écourtait à 2 ou 3 jours, en gros je me laissais la possibilité de rester plus longtemps ou non selon mon feeling dans les pays!
Tu es parti à l’improviste ? Comment t’en sortais-tu pour le logement ?
M.: J’étais assez flexible concernant les logements, rien n’étais trop prévu à l’avance, du coup la durée de mes séjours et les destinations dépendaient assez souvent du prix du logement. Les auberges de jeunesse sont un incontournable de l’interrail, on y rencontre beaucoup de jeunes dans des situations similaires.
Une des auberges les plus marquantes de mon séjour se trouvait à Bratislava, c’était une auberge dédiée à la fête, un party hostel comme on les appelle. Les fresques peintes aux murs, le côté alternatif du personnel et des voyageurs, le mood hyper safe qui y règne rend l’expérience incroyable. On s’y sent un peu comme à la maison, on y parle de respect et on partage même des repas tous ensemble!
© Jeanne Charlot
Tu as eu des rencontres marquantes ? Des moments inoubliables?
M.: Les rencontres inoubliables étaient souvent dans les auberges de jeunesses, surtout avec les autres voyageurs! Certains y travaillent même pour gagner un peu d’argent! Ça donne vraiment envie de faire pareil. Sinon c’est à Naples que mes rencontres étaient les plus folles, les gens sont dingues! Comme les routes sont en pente les gens sont souvent à scooter, j’y ai croisé une famille entière qui tenait à l’équilibriste sur un scoot dans une rue piétonne! C’est littéralement un concert de klaxon dans la ville, le dawa total. Une de mes rencontres dingues était celle de mes propres amies et amis de Lausanne! Je les ai retrouvées à La Haie, on a été dans une boîte sans horaires, ouverte tout le week-end sur 48h! De la bonne musique tech mais toujours trop de mecs beaufs, c’est partout pareil.
Pour l’expérience inoubliable je dirais que la randonnée des 5 terres était vraiment pas mal! Avec ses petits villages dans la montagne, sa nature incroyable et le bonus : dès que tu t’écartes un peu des sentiers battus, la mer méditerranée…
Quels ont été les moments les plus difficiles ?
M.: Enchaîner des villes ou ton séjour est de 2 jours était le plus fatiguant. C’est ce rythme effréné du voyage qui parfois est difficile à supporter. Tu ne te poses jamais vraiment… c’est en partie pour cela que je suis resté un bon moment en Italie !
Ma dernière étape était à Copenhague et c’est là que j’ai eu le moment le plus flippant de mon voyage. Je faisais une balade en ville, à la cool, puis après deux ou trois heures de marche je me rends compte que j’ai plus de batterie sur mon tel, pas de chargeur, aucun accès à du réseau, et je connaissais vaguement le nom de mon hôtel. J’ai dû chercher des gens random dans la ville et leur demander pour retrouver mon chemin. Ça paraît banal comme ça mais sur le moment je faisais pas le malin !
© Jeanne Charlot
Des conseils à donner ?
M.: Rester le plus flexible possible sur ton organisation en cas de bonnes rencontres, réserver une ou deux auberges en avance en tant que point balise de ton voyage. Sinon tu te retrouves obligé de prendre des auberges nazes. Avec le pass interrail tu dois quand même réserver tes tickets de train sur l’appli, du coup un bon conseil est de toujours réserver un siège et plus particulièrement en avance surtout quand tu fais 12h de train! Et petit tips : faire la cuisine de temps en temps, ça permet d’économiser un fric fou!
Truc drôle : En Sicile je comprenais rien à l’italien, j’étais dans un train et les gens se sont mis à parler fort, dans tous les sens … Y’avait clairement un problème ! Tout le monde est sorti alors j’ai suivi le mouvement. A l’extérieur j’ai halluciné, je me suis retrouvé sur un bateau!
Encore à Berlin j’étais dans une boîte et je suis tombé par hasard sur un pote de bachelor qui mixait là. Un vieil ami qui a quitté l’EPFL il y a quelques années pour monter sa boîte de prod de DJ! On se rend compte que le monde est petit dans ces moments de rencontres imprévisibles.
© Jeanne Charlot