La Task Force Santé mentale et bien-être tire la sonnette d’alarme
La Task Force Santé mentale & Bien-être de l’EPFL a été créée au sein de la Vice-présidence associée pour les affaires estudiantines et l’outreach (AVP-SAO) dans le but de répondre avec une « stratégie institutionnelle » à la problématique grandissante que représente la santé mentale. Une vingtaine de personnes dont des professeur·es, un médecin, une conseillère sociale, une conseillère pédagogique forment cette Task Force. Afin d’ouvrir la parole sur ce sujet encore trop souvent tabou, l’équipe a lancé en novembre 2022 une enquête dans le but d’établir un état des lieux de la santé mentale à l’EPFL et de déterminer les facteurs influençant cet équilibre. L’analyse des résultats doit permettre à l’équipe d’envisager prochainement de nouvelles mesures favorisant le bien-être de l’ensemble de la communauté.
Les résultats rapportent entre autre que 53% des répondant·es présentent un symptôme ou plus d’épuisement. L’épuisement se manifeste par exemple par des troubles du sommeil, une fatigue permanente ou des douleurs physiques telles que des migraines. Le taux obtenu dans la communauté EPFL est presque deux fois plus élevé que dans la population active en Suisse où il s’élève à 30.3% (Job Stress Index 2022). Ce sont les corps estudiantin et doctorant qui obtiennent les taux les plus importants avec respectivement 62% et 51%. Ces symptômes d’épuisement varient également en fonction du genre, ce sont ainsi les personnes s’identifiant comme « femme » et celles qui ne s’identifient pas comme « homme » qui sont le plus touchées. Les résultats sont encore plus alarmants pour les étudiant·es en fin de bachelor où ce sont plus de 70% d’entre-eux qui présentent un ou plusieurs symptômes d’épuisement. Le stress négatif lié aux exigences de performances est identifié comme l’un des facteurs augmentant cet épuisement.
De plus, 31% des répondant·es présentent un état de détresse psychique supposé. Cet état est évalué à partir de plusieurs critères reposant par exemple sur la confiance en soi, la capacité à se concentrer sur des tâche ou à prendre des décisions, le sentiment d’être constamment sous-pression, etc. Là encore, le stress lié à la performance représente l’une des principales causes de cette détresse. Afin de réduire cette pression, il a été décidé de mettre en place une semaine de pause au semestre d’automne. D’autres mesures sont également en cours d’implémentation dont l’assouplissement des règles gérant les pauses durant les études.
De nouvelles mesures pour faciliter les pauses pendant les études
C’est dans cette optique d’assouplissement que L’AVP-SAO a proposé la mise en consultation de deux ordonnances afin de faciliter les pauses pendant les études : l’Ordonnance sur le contrôle des études à l’EPFL et l’Ordonnance sur la formation à l’EPFL. L’initiative a été lancée le 14 mars dernier et présentée quelques jours plus tard. La première mesure proposée est la suppression de la règle qui impose l’acquisition de 60 crédits tous les deux ans en Bachelor. La seule condition qui perdure est la réussite des 120 crédits en l’espace de 4 ans. La seconde mesure concerne le projet de Master. La situation actuelle impose qu’il soit réussi au plus tard un an après la réussite du cycle Master. La nouvelle règle souhaite offrir la possibilité de commencer le PDM au plus tard un an après la réussite du cycle Master et de le réussir au plus tard quatre ans après l’entrée dans ce cycle (de 90 crédits ECTS) . Le projet a été présenté le 18 mars à la communauté EPFL par Kathryn Hess-Bellwald, vice-présidente associée pour les affaires estudiantines et l’outreach (AVP-SAO) et mandante de la Task Force. Elle y relevait alors les avantages et inconvénients suivants :
Avantages:
- Accroît les possibilités d’études à temps partiel
- Donne davantage la possibilité aux étudiant·es de s’organiser comme ils, elles le souhaitent, p.ex. prendre 0 ou très peu de crédits pendant un ou plusieurs semestres
- Garde les personnes immatriculées avec l’ensemble de leurs droits et accès
- Pouvoir continuer à travailler sur des projets MAKE ou pour des associations en toute légitimité
- Gestion administrative simple
Inconvénients et risques:
- Garde la durée maximale de 4 années pour le Cycle bachelor et de 6 semestres pour le Cycle Master (excepté pour le Cycle Master en mathématiques qui a une durée maximale de 4 semestre)
- Moins de structure imposée aux étudiant·es dans l’enchaînement des acquis
- Se retrouver en échec définitif pour les personnes qui auraient mal géré l’acquisition de leurs crédits et des études à temps partiel
- Risque d’avoir plus d’échecs définitifs en fin de Bachelor après 6 ans d’études
- Risque que certain·es étudiant·es abandonnent leur cursus, notamment parce qu’ils, elles auraient décidés de continuer le projet/l’emploi débuté durant la pause, et se retrouvent en échec définitif au terme de la durée des études
Comparée à ses homologues suisses, L’EPFL est une mauvaise élève en ce qui concerne les interruptions d’études. L’UniGE, l’ETHZ ou encore l’UNIL proposent toutes au minimum une pause par cycle dont la longueur varie de 1 à 3 semestres.
Parmi les avantages cités, la conservation de l’immatriculation représente un point essentiel. Comparée à une pause par ex-matriculation, la préservation de l’immatriculation permet de continuer à acquérir des crédits et rend la pause accessible aux étudiant·es qui sont sujets à une admission conditionnelle. Elle permet également d’éviter des démarches administratives notamment au niveau du permis de séjour.
Le projet sera présenté en direction au début du mois de juin et mis en vigueur dans le cas échéant le 1erseptembre 2024.
Deuxième vague de mesures
D’autres initiatives sont en cours de réflexion et devraient être mises en place les prochains mois. Une nouvelle vague de mesures sera planifiée cet été et présentée durant l’automne. Ce sera également le moment de tirer le bilan des premières initiatives. Finalement, une nouvelle enquête sur la santé mentale et le bien-être sera lancée courant 2026/2027. Elle permettra de faire une comparaison avec l’état des lieux de la situation de 2022 et d’ainsi mesurer l’influence des différentes initiatives implémentées depuis.
L’avis d’étudiants et de K. Hess-Bellwald
Nous vous proposons de découvrir dès la semaine prochaine le récit et l’avis d’étudiant·es ayant réalisé une pause durant leurs études. Suite à cette rencontre, l’expertise de K. Hess-Bellwald viendra clôturer le sujet et nous en apprendre davantage sur les mesures à venir dans les prochains mois.