Les assos engagées #3: Sailowtech

22 mars 2024
Pauline
Pour ce troisième épisode de la série sur la durabilité, nous partons à la rencontre de Bénédicte et Lorraine, respectivement Vice-Présidente à l'expédition et Présidente de Sailowtech, une association qui allie aventure et sciences marines. Nous avons discuté préservation des océans, science de terrain et low-tech.

Pouvez-vous vous présenter ainsi que présenter l’asso en quelques mots ?

Bénédicte : Je m’appelle Bénédicte et je suis en master en matériaux à l’EPFL. J’ai rejoint Sailowtech cette année en tant que Vice-Présidente à l’expédition. C’est-à-dire que je gère l’aspect logistique des prochaines expéditions, comment on y va, ce qu’on y fait.

Lorraine : Je m’appelle Lorraine et je suis en master en physique. Je suis rentrée dans l’asso en tant que membre dans le pôle Escale avant de devenir présidente.

Bénédicte : Sailowtech c’est une association de l’EPFL et un projet MAKE qui est composé d’une cinquantaine de membres et dont le but principal est de sensibiliser les gens à la protection des océans et des lacs grâce à différents points d’actions. Il y a les expéditions qui jusqu’à présent représentaient la plus grande partie de l’association. La première expédition, qui est partie en septembre, s’appelle Atlantea et emmène six étudiants faire le tour de l’Atlantique durant une année. D’autres expéditions ont également eu lieu par exemple cet hiver où nous sommes partis 10 jours sur le lac et de nouvelles sont prévues cet été. Le but est de faire des expéditions plus courtes mais plus régulièrement afin de sensibiliser plus de monde. A côté de ces expéditions, on sensibilise également les étudiantes et étudiants ainsi que les ingénieures et ingénieurs autour du campus sur la protection du lac. On propose aussi des interventions dans les écoles avec des ateliers. On y présente ce que l’on fait et on parle de thématiques précises comme le traitement de l’eau.

Lorraine : On organise également de plus gros évènements tel que le Camp Océan qui se déroule en mai, en collaboration avec le LUC Voile. Durant une journée, on essaie de sensibiliser les étudiantes et étudiants à la préservation des océans via des workshops sur la low-tech, de la science participative, des conférences, des tables rondes avec des intervenantes et intervenants externes et de la navigation sur le lac.

Bénédicte : Un pôle important de l’asso, « Sciences et low-tech », travaille également en collaboration avec des laboratoires de l’EPFL sur la mise en place de protocoles d’expéditions, par exemple sur le prélèvement de plancton, des études microscopiques ou des sciences frugales. L’idée derrière ce dernier aspect est de fabriquer des outils que l’on peut apporter sur le bateau et qui respectent les 3 piliers de la low-tech : durable, accessible et utile. On a par exemple construit un four solaire ou une marmite norvégienne. Désormais on a des projets low-tech crédités par l’EPFL, c’est une vraie avancée académique d’avoir obtenu cette reconnaissance.

Les missions de Sailowtech
Atelier de sensibilisation avec le Service de promotion des sciences
Construction du four solaire tubulaire au SKIL

Qu'est-ce qui vous a donné envie de rejoindre l'asso?

Bénédicte: Je connaissais assez bien les membres fondateurs et les entendre discuter du projet m’a directement donné envie de les rejoindre. Je vois de plus en plus de jeunes partir en expédition mais l’aspect low-tech de l’asso offre une dimension supplémentaire. Je sentais que je m’engageais dans un projet qui faisait du sens, au-delà de juste partir à l’aventure.

Lorraine: C’est en plein milieu des révisions en troisième année que j’ai décidé de rejoindre l’asso. Après une grosse journée de travail, j’ai vu une affiche Sailowtech sur les écrans avec l’image d’un bateau et ça a été le déclic. Pour être honnête c’est d’abord le côté Sail qui m’a attiré puis le côté low-tech m’a totalement convaincu.

⁠Qu’est-ce que ça vous apporte personnellement de faire ça à côté des études? Et pourquoi est-il important pour vous de s’investir dès maintenant?

Bénédicte : Personnellement les projets tels qu’Atlantea, ça me fait rêver et plus concrètement c’est la rencontre avec de nouvelles personnes qui soutiennent les mêmes idées que moi. Pouvoir sensibiliser par l’émerveillement et être sur le terrain, ce sont deux aspects qui m’apportent beaucoup. On sent qu’on commence à avoir un véritable impact. On rencontre notamment énormément de professeures et professeurs de l’EPFL qui s’intéressent au projet et qui souhaitent y participer en trouvant des alternatives low-tech à certaines de leurs technologies.

Lorraine : J’aime bien l’idée de pouvoir sensibiliser beaucoup de monde avec des choses assez simples. Partir en expédition quelques jours, faire de la science participative et de terrain, ce sont des facettes qui me manquaient dans les études. Ça m’a également appris à penser à toute la chaine lorsqu’on développe quelque chose et de l’impact de chaque étape. C’est important de garder en tête qu’on essaie de répondre à un besoin et de comprendre pourquoi on le fait.

Expédition Alpine Lake - Février 2024
Prélèvement de plancton 1/2
Prélèvement de plancton 2/2

C’est quoi pour vous la low-tech ?

Bénédicte : Pour moi, la low-tech suit trois piliers : utile, accessible et durable. Durable d’un point de vue temporel, accessible dans le sens où tout le monde peut le reproduire sans être un expert et utile dans l’idée où il répond à un vrai besoin.

Où vous projetez-vous dans quelques années?

Bénédicte : C’est encore compliqué de se rendre compte de comment je pourrai mettre mes compétences d’ingénieure au service d’un monde plus durable. C’est seulement cette année que j’ai réalisé que le but derrière la recherche, exception faite de la recherche fondamentale, est de développer et vendre un produit sur le marché. Et c’est à ce moment que j’ai commencé à me demander si tout ce dont on dispose aujourd’hui n’est pas largement suffisant, voire superflus. A quel point on ne s’invente pas des besoins. Si je travaille dans la recherche, j’aimerais que ça soit pour trouver des alternatives plus durables à ce qui existe déjà mais à une échelle temporelle courte. La question de la transition est urgente et je ne souhaite pas travailler sur un produit qui sera bénéfique dans des dizaines d’années. Je ne souhaite pas non plus développer une technologie durable mais qui finalement n’est pas nécessaire et ne répond pas à des besoins. Il est essentiel de se demander pourquoi je cherche à développer ce produit et à qui est-il destiné. La technologie ne fera pas tout dans la transition mais je pense tout de même que l’on a besoin à la fois de militants et de scientifiques.

Lorraine : Sailowtech a fait grandir cette envie que j’avais déjà en moi de travailler dans le milieu de la préservation de l’océan. C’est ça qui me motive et pourquoi je voudrais donner mon temps. Je rejoins Bénédicte dans l’idée qu’il m’est pour l’instant difficile de savoir comment je vais pouvoir appliquer dans le monde professionnel ce que j’ai appris sur les bancs de l’uni.

Pour en savoir plus sur Sailowtech, rendez-vous sur leur site ainsi que sur leurs réseaux sociaux.
Rendez-vous vendredi prochain pour le quatrième et dernier article de cette série sur la durabilité. Nous rencontrerons deux membres d’Unipoly qui nous inviterons à nous questionner sur le rôle de l’ingénieur du 21e siècle Vous pouvez également retrouver sur notre site les deux premiers épisodes en collaboration avec le Zero Emission Group et Ingénieur.e.s du Monde.