Le bureau de l'égalité
Depuis quand existe le Bureau de l’Egalité à l’EPFL ?
Le premier bureau a été créé au milieu des années 1990, c’était une toute petite structure, créée à la demande du Conseil fédéral. Le Département de l’Intérieur, en charge des EPF, souhaitait que les deux écoles aient un plan d’action pour qu’il y ait plus de femmes à tous les niveaux.
Quelles sont les missions du bureau ?
Promouvoir l’égalité entre femmes et hommes, est en quelque sorte la mission initiale. Ces dernières années, nous avons pu élargir le périmètre des activités. Le EPFL Compliance Guide et son chapitre « égalité, diversité, respect » donnent un aperçu du cadre légal qui le conditionne.
Quels sont vos projets récents ?
Ces dernières années, trois thématiques ont été centrales pour notre travail. D’abord la promotion d’une culture du respect, qui a débuté avec la création de la Task Force Respect en 2021. Nous avons également pu démarrer un travail sur les besoins et droits de la communauté LGBTIQ. Ensuite, le projet « EPFL sans barrières » qui vise à évaluer les barrières sociales et environnementales existantes et à améliorer la capacité de l’Ecole à accueillir toute sa communauté dans les meilleures conditions. Pour guider notre travail, tous les quatre ans nous élaborons des plans d’actions. Pour 2021-24, nous avons le Plan d’action pour Egalité et Diversité.
Quelle est l’importance de votre rôle et du bureau à l’EPFL ?
Je vois notre rôle comme un catalyseur, la promotion de l’égalité ne peut se faire seulement au sein du bureau mais doit se faire partout ailleurs. Nous avons une fonction de soutien à l’institution. Ce travail a débuté il y a bientôt 30 ans. Cela montre la nécessité de travailler dans la durée. Il faut avoir des objectifs ambitieux, des mesures réalistes et accepter que les choses prennent du temps.
Quels projets concernant l’égalité de genre ?
Nous travaillons à plusieurs échelles. D’une part, il y a nos activités de mentorat pour les étudiantes, doctorantes et post doctorantes. Ces mesures visent à soutenir le développement de carrière que ce soit dans leurs parcours universitaires ou vers l’industrie. Nous avons aussi des offres ouvertes aux hommes, notamment en lien avec la conciliation vie privée/familiale – vie professionnelle. Certaines de nos offres s’adressent même spécifiquement aux hommes qui souhaitent s’engager pour plus d’égalité. Aussi, nous avons collaboré avec les affaires professorales pour l’élaboration d’une formation sur les biais implicites proposée aux comités des procédures de recrutement. Les formations expliquent les mécanismes et l’impact de ces biais ; elles peuvent être suivies en ligne via ce MOOC.
Qu’est-ce qu’un biais implicite ?
Nous avons toutes et tous des biais qui affectent la façon dont nous considérons le monde qui nous entoure. Beaucoup sont inconscients (implicites) et influencent nos pensées sans que nous nous en rendions compte. Lorsque nous prenons des décisions influencées par des biais implicites, nous ne nous référons pas aux faits objectifs. Par conséquent, ces décisions ne seraient probablement pas de très bonne qualité. En plus, les biais implicites peuvent engendrer un traitement inégal ou de la discrimination.
Où en sommes nous concernant la parité à l’EPFL ?
Tous les deux ans, nous réalisons un Gender Monitoring à l’attention du Conseil des EPF qui montre l’évolution du nombre de femmes et d’hommes sur plusieurs indicateurs. Une progression importante a été faite ces huit dernières années, nous avons atteint le palier des 25% de femmes professeures à l’EPFL. Le corps estudiantin se situe à peu près à 32%. L’évolution est lente, mais deux sections comptent plus d’étudiantes en Bachelor : Sciences de la Vie et Architecture.
Pourquoi il n’y a-t-il pas plus de femmes professeures ?
Même s’il peut y avoir un lien avec les domaines où les étudiantes sont sous-représentées, il faut noter que les recrutements professoraux se font à l’international. L’Ecole cherche les meilleurs scientifiques, tous genres confondus. Néanmoins, le passage de 14% à 25% de professeures en moins de dix ans est le fruit d’une démarche proactive. Les recrutements sont un processus standardisé qui respecte des principes d’équité. Il n’y a pas de quotas, mais une démarche de recherche de candidatures proactive, et un objectif sur le nombre d’offres qui sont faites aux femmes et aux hommes ; accepter ou non relève de la candidate ou du candidat, qui ont souvent également d’autres offres.
Pourquoi l’égalité est-elle importante ?
La situation actuelle est le résultat de centaines d’années, où les femmes étaient reléguées dans la sphère privée. Mais les choses ont beaucoup évolué. L’enseignement et la médecine qui peuvent être vus comme des domaines plutôt féminin aujourd’hui ne l’étaient pas du tout il y a 50 ans. Il y a une forte dimension culturelle qui influe sur les perceptions. L’égalité est importante en science pour avoir des regards variés, poser des questions différentes. C’est en confrontant les regards qu’on fera progresser le savoir.
Travaillez vous sur d’autres sujets que l’égalité de genre ?
Un autre sujet important pour l’égalité des chances sont les personnes en situation de handicap. En 2023, un état des lieux de cette problématique d’inclusion a été lancé. Dans les faits, on se rend compte parfois que respecter les normes légales n’assure pas forcément l’accessibilité. A l’EPFL il existe une approche qu’on peut qualifier de « réactive ». Des mesures sont prises pour répondre à des besoins concrets. C’est très important et nécessaire mais cela met beaucoup de responsabilités à l’échelle individuelle. Le but est d’avoir une approche plus systématique et proactive pour que le plus grand nombre puisse en bénéficier.
Bientôt une présidente de l’EPFL, qu’en pensez-vous ?
C’est super d’avoir aujourd’hui autant de chercheuses de pointe à l’EPFL. Avoir une présidente à sa tête va aider à mettre ceci en évidence. C’est important pour la perception de l’Ecole, surtout dans la population plus large où, trop souvent encore, les gens associent ‘EPFL’ à ‘chercheur’. Avoir des personnalités scientifiques féminines qui ont une visibilité publique aidera à défaire ces stéréotypes.