La rencontre Macron-Berset

04 décembre 2023
Patrick Yerly
Emmanuel Macron et Alain Berset se sont rendus à l’UNIL le 16 novembre. La façon dont les places se sont arrachées laissait présager un show au sommet. Mais au final, leurs interventions précises sur certains sujets et floues sur d'autres nous laissent perplexes.

Une conférence dont les portes s’ouvrent deux heures avant. Cela donne une idée de l’importance de la rencontre à l’UNIL entre le président de la Confédération Alain Berset et le président français Emmanuel Macron, et de l’ampleur du système de sécurité.

Dès 8h donc, nous pouvions nous présenter à l’Amphimax pour aller voir à 10h Emmanuel Macron et Alain Berset parler Europe, climat et relations internationales

Nous nous sommes donné rendez-vous à 9h à l’EPFL avec quelques amis chanceux, ayant réussi à attraper une des 150 places disponibles pour les étudiantes et étudiants de l’EPFL par le biais de l’AGEPoly, l’association générale des étudiant·es de l’EPFL. Oui, l’EPFL avait 150 places à sa disposition et l’UNIL 800, mais bon c’est vrai, pourquoi un ingénieur s’intéresserait-t-il à la politique ? Qu’il retourne calculer des champs magnétiques.

9h10, nous arrivons dans la file d’attente qui part de l’amphipôle jusqu’à l’Éphémère. Peu de temps, on aperçoit, à quelques mètres, une tête grise bien connue rejoindre la file, seul. Il s’agit de Martin Vetterli faisant la queue comme un citoyen lambda avec les étudiantes et étudiants. Nos rêves d’horizontalité hiérarchique sont rapidement brisés lorsqu’il reçoit un appel pour lui indiquer où est l’entrée pour les VIPs, enfin bref, on a pu rêver 2 minutes.

On arrive enfin proche du premier contrôle. C’est alors que juste avant de l’atteindre, un ami se fait subitement alpaguer par deux policiers qui le contrôlent, contrôle aléatoire nous dit-on. Après avoir passé le premier contrôle complet, puis le deuxième, nous voilà enfin avec nos cartes personnalisées (avec nos noms!) pour la rencontre ! Mon ami se fait une fois encore contrôler par un sécu, et nous avons alors enfin l’explication ; il a un visage très ressemblant à une personne blacklistée de cette conférence !

Nous arrivons finalement dans la salle à 10h07, le recteur de l’UNIL introduit la conférence de manière très formelle. S’ensuivent deux présentations inattendues : pour commencer les présidents de la Fédération des associations d’étudiant·e·x·s (FAE) et de l’AGEPoly viennent sur scène parler des problématiques étudiantes et de la position de ces deux associations sur les avis divergents concernant cette conférence et de leur rôle apolitique sur les deux campus. Un volet scientifique conclut l’introduction avant l’arrivée des présidents : Anna Fontcuberta de l’EPFL et une homologue de l’UNIL viennent parler des défis des laboratoires à l’heure où Horizon Europe (Accord de collaboration scientifique en Europe) est au point mort avec la Suisse.

Puis, la conférence commence enfin, Emmanuel Macron et Alain Berset arrivent sous un tonnerre d’applaudissements de la part des étudiantes et étudiants. Chacun à son tour, les présidents récitent un discours simple et formel, rien de sensationnel, du vu et revu, classique. Les questions commencent alors, d’abord celles de l’Université de Lausanne sur l’Europe et le conflit entre Israël et le Hamas. Sur ces sujets, Macron, qui s’est beaucoup plus mis en avant que Berset, système politique différent oblige, a été clair, précis et réfléchi. Les étudiantes et étudiants saluent ses réponses par de vifs applaudissements. Place aux questions des étudiants, pour commencer sur la montée de la violence dans les Balkans. Les présidents sont limpides dans leurs réponses. Les questions suivantes portent sur le climat. Ennuyantes, bien trop floues et bien trop larges, les questions reçoivent des réponses du même acabit. La conférence se termine, nous pouvons nous lever et partir seulement après que les deux délégations ont quitté la salle.

Retour à l’EPFL, prêt à calculer le displacement vector du champ magnétique induit.