« La mécanique ce n’était pas pour moi »

09 octobre 2023
Ambre
Choisir son orientation c’est comme être face à des centaines de portes derrière lesquelles se cachent des univers parallèles, qui auraient pu exister à une décision près.

À l’EPFL, ce choix se résume à la section d’études. Bien plus qu’une simple orientation – cela peut changer nos amis, nos expériences et par conséquent toute notre trajectoire de vie. Sous pression des parents, de la société, parce qu’on veut un métier lucratif, parce que c’est général, pour faire plaisir à quelqu’un, pour faire comme quelqu’un… les raisons du choix d’orientation ne sont pas toujours “parce que j’aime cela”. Pour la grande majorité d’entre nous, qui n’avons pas de passion pouvant potentiellement devenir notre domaine d’expertise grassement rémunérée, il est dur de savoir si l’on a fait le bon choix. Alors heureusement, on peut se sortir d’une mauvaise décision et aucun choix n’est définitif. Mais comment se rendre compte quand un choix est mauvais ? Comment être sûr·e que cela sera mieux ailleurs ? C’est avec Fanny et Diego, tous deux ayant changé de section, que nous découvrons certaines motivations derrière cette grande décision.

Qui es tu ?

Fanny : Hello ! Je m’appelle Fanny je suis en premiere année de master en NeuroX, j’ai un bachelor en Microtechnique mais avant cela j’ai fait ma toute première année en section Architecture.

Diego : Moi c’est Diego et je suis en troisième année de Bachelor en Systèmes de Communications. Quand j’ai du choisir mes études supérieures, j’ai longuement hésité à suivre le chemin classique français de la classe préparatoire mais au final je me suis dirigé vers l’EPFL, avec en tête l’envie de choisir la section la plus générale possible. D’après moi, c’était la section de Génie Mécanique, mais au fil de mes trois semestres dans ce cursus, je me suis progressivement désintéressé de cette vocation. Alors j’ai changé en Systèmes de Communication au milieu de ma deuxième année de Bachelor.

Pourquoi as-tu changé de section ?

Fanny : Ma première année en architecture a été très différente de ce à quoi je m’attendais. Le manque de contenu scientifique dans le programme m’a déçue et il y avait trop de travaux manuels à mon goût. En plus, la charge de travail était écrasante, il fallait beaucoup venir sur le campus, les professeurs de studio étaient très durs et il y avait une culture malsaine de la nuit blanche. J’aurais rêvé d’être architecte, mais la première année m’a complètement fait changer d’avis (en plus de cela il y avait le covid).

Diego : Les cours devenaient de plus en plus spécifiques alors mon but initial de faire des études les plus générales possibles est progressivement tombé à l’eau. Le BA3 a particulièrement été un point de non retour, j’ai complètement lâché les cours et je ne cherchais même plus à les rattraper. J’avais en même temps des potes en Systèmes de Communication alors j’allais de temps en temps à leurs cours et c’est comme ça qu’est né mon intérêt pour cette section qui au final me paraît générale dans un domaine sans mécanique. En plus, je pouvais choisir 35 crédits d’options et des cours hors plan d’étude.

Comment c'était administrativement parlant ?

Fanny : J’ai eu du mal à comprendre les modalités de redoublement et la MAN en changeant de section mais à part cela ça a été.

Diego : À la fin des examens du BA3 j’ai pris contact avec l’adjointe de la section de Systèmes de Communication et on a pu facilement convenir d’un changement de section. Ce qui a été le plus compliqué c’est de comprendre les cours pré-requis, les options etc… J’ai dû naturellement rattraper tous les cours de programmation, ce qui a rallongé mon bachelor d’un an.

Avec du recul, as-tu des regrets ?

Fanny : Non, je suis allée en Microtechnique parce que les sciences m’ont manquées et cela m’a paru général. Même si cette section n’était pas mon “rêve”, je ne regrette absolument pas parce qu’elle m’a permis de pouvoir toucher à tout, de mieux savoir ce qui me plaît et surtout de me diriger vers le master en NeuroX que j’adore. Des fois je me demande si j’aurais pas mieux fait de finir mes études d’architecture. Mais la pression des studios et le manque de bienveillance de certains professeur·es c’était trop lourd mentalement pour moi. Je suis heureuse de m’être écoutée. Peut-être que à 40 ans je vais faire une crise et faire une formation de design pour devenir architecte d’intérieur qui sait ? Mais pour l’instant je suis ravie de ce changement.

Diego : Je n’ai pas de regrets, la mécanique ce n’était pas pour moi. Je suis content de m’être ouvert une porte vers des masters comme NeuroX. Mon but ultime c’est de rester au maximum à l’interface des domaines et en Systèmes de Communications j’ai l’impression d’avoir pu conserver cette interdisciplinarité maintenant et pour le futur. Même si je n’utiliserais pas toutes les notions apprises en informatique, cela m’a tout de même beaucoup intéressé rien que pour ma culture personnelle, plus que la mécanique.