Les assos engagées #4: Unipoly

29 mars 2024
Pauline
Les assos engagées dans la durabilité #4. Pour ce dernier épisode des assos engagées, nous découvrons Unipoly à travers les yeux de Marin, responsable d’Ingénieur.es Engagé.es et d’Alexis, fondateur du Low-Tech Lab Lausanne au sein d’Unipoly. Ils nous présentent leurs projets au sein de deux des nombreux pôles de cette association. Nous avons parlé changement de mentalités, rôle de l’ingénieur.e du 21e siècle et low-tech.

Pouvez-vous vous présenter ainsi que présenter Unipoly ?

Marin : Je m’appelle Marin Bricq, je suis en master de robotique à l’EPFL et je suis responsable de Ingénieur.es Engagé.es qui est un pôle au sein d’Unipoly. Unipoly c’est une association de l’EPFL et de l’UNIL qui est tournée vers l’écologie solidaire. L’association a pour but de promouvoir l’écologie en mettant en place des actions concrètes ou en participant à discussions avec des organes de l’EPFL afin d’y promouvoir des initiatives durables. L’association réunit 13 pôles ayant chacun leurs propres projets : Débouchés durables, Low-tech Lab, Ingénieur.es Engagé.es, Meubléco, Apiculture, Jardin – Campus Farmer, Etudiant.es Vegan.es et Animalistes (EVA), Fix N’ Replace, Semaine de la Durabilité, EpiLibre, Castor Freegan, Unipoly Fashion Lab et RebuiLT.

Alexis : Je m’appelle Alexis et j’ai obtenu mon master en génie mécanique en novembre dernier. Durant mon projet de master, j’ai analysé des Integrated assessment models qui simulent les scénarios du GIEC. Ce sont des modèles avec des aspects climatiques, économiques et technologiques qui proposent des scénarios de développement de notre société. J’ai rejoint Ingénieur.e.s engagé.e.s, un pôle d’Unipoly il y a 3 ans puis j’y ai lancé le Low-tech Lab. Malgré le fait que j’ai fini l’EPFL, j’ai toujours un pied dans la vie associative qui propose de faire de la technique autrement, comme par exemple chez Fix N’Replace.

Comment avez-vous rejoint Unipoly ?

Marin : En 2e année, j’ai décidé de participer à un évènement intitulé Climate and Sustainability Action Week (CSAW) organisé par la Vice-Présidence à la Transition. A cette époque, je me questionnais déjà beaucoup sur les questions écologiques et mon impact en tant que futur ingénieur. C’est un évènement où pendant une semaine, on réfléchit avec d’autres étudiants à des problèmes liés à l’environnement ou à des problèmes sociaux. C’est là que j’ai rencontré des membres d’Unipoly qui m’ont donné envie de me lancer et de rejoindre l’association.

Alexis : J’ai rejoint Unipoly en 2020 après être rentré d’un stage à l’étranger. C’était une époque où je commençais pas mal à m’informer, notamment à travers des conversations avec des gens qui étaient plus instruits que moi sur ces sujets. C’est également à ce moment que j’ai commencé à participer aux manifestations de la jeunesse pour climat. Je m’informais également en lisant le magazine Reporterre qui justement parlait de low- tech. En tant qu’ingénieur qui me remettait en question, j’ai trouvé cette idée de pensée assez intéressante. En revenant à l’EPFL en 2020, j’ai eu envie d’expérimenter la low-tech et comme aucun lieu n’existait, j’ai décidé de créer cet espace là au sein d’Unipoly. C’est là que j’ai fondé le Low-tech Lab en 2021.

C’est quoi le Low-tech Lab ?

Alexis : Le Low-tech Lab c’est un pôle d’Unipoly qui regroupe des personnes qui se posent des questions sur comment ils peuvent aider à résoudre des crises environnementales et sociales. Durant trois années, on s’est concentrés sur la fabrication de technologies low-tech avec le projet MAKE RebuiLT. Le but du projet était de « réutiliser les éléments d’un bâtiment en démolition pour en faire un pavillon communautaire à Ecublens. » C’est un projet dont le lancement a demandé énormément de temps et d’énergie et qui a mis un peu de côté les autres projets. Désormais, on fait également des arpentages [méthode de lecture collective] au sein du Low-tech Lab pour gagner en connaissance. Le but est de déboucher sur une charte de valeurs qui reprend ce que l’on souhaite faire: politiser les enjeux techniques et questionner le rôle de l’ingénieur. A côté de ça, on a un plus petit projet qui est la construction d’une charrette à vélo. C’est un projet convivial qui nous permet de développer nos compétences d’un point de vue pratique.

Et alors, c’est quoi la low-tech ?

Alexis : Pour moi, la low-tech c’est d’abord une démarche qui nous permet de questionner notre monde technique et de s’y positionner. On rajoute une question à ce que l’on a l’habitude de faire en tant qu’ingénieurs. Au-delà de comment est-ce qu’on résout un problème, on rajoute l’aspect de pourquoi est-ce qu’on le fait ? Par exemple, à la question comment vais-je rendre mon avion le plus aérodynamique possible afin qu’il consomme moins de carburant, on va venir rajouter la question de pourquoi et pour qui est-ce que je le fais voler ? Cela vient requestionner le rôle de l’ingénieur du 21e siècle. Au Low-tech Lab, il y a une véritable envie de questionner la technologie et de se la réapproprier. Les trois questions que l’on se pose au moment de travailler sur une technologie c’est comment on la produit, pourquoi et pour qui ? Il y a un équilibre à trouver qui est de faire quelque chose d’utile, c’est-à-dire répondre à un besoin identifié comme authentique, accessible à tous d’un point de vue économique et technique, et dans les limites planétaires. Il y a donc toute une démarche pour identifier et comprendre les besoins authentiques à une certaine population comparés à ceux qui ont nous été imposés par le système capitaliste et qui sont finalement superflus. Le but n’est pas de s’orienter vers un solutionnisme low-tech. C’est-à-dire que lorsqu’on rencontre un problème, ne pas apporter directement une solution low-tech et empiler les technologies, amenant souvent d’autres problèmes. Il y a de nombreux problèmes que l’on pourrait résoudre par une réorganisation sociétale plutôt que par l’apport d’une nouvelle technologie qu’elle soit low-tech ou high-tech.

Comment te vois-tu aider dans cette transition ? Quelle vision as-tu de ton impact actuel et futur en tant qu’ingénieur dans la construction d’un monde plus durable ?

Marin : Avant de rejoindre Unipoly, j’étais conscient que je n’avais pas du tout un impact positif en tant qu’étudiant. Désormais, même après avoir rejoint une association active c’est parfois un peu déprimant de voir le temps qu’il faut pour faire changer les choses. Je ne vois pas forcément d’impact au jour le jour. Malgré tout, en prenant du recul je me rends compte que notre travail paye. Par exemple, quand je suis arrivé à l’EPFL, il n’y avait que très peu d’options végétariennes dans les cafets alors que maintenant ils en proposent bien plus. J’ai du mal à voir mon impact individuel mais l’impact global commence à se faire sentir.

En tant qu’ingénieur, je souhaiterais travailler dans la robotique médicale. Je suis donc conscient que je n’aurai pas d’impact positif clair sur l’environnement mais dans un autre domaine social qui me tient également beaucoup à cœur.

Alexis : Je pense que l’ingénieur du 21e a un rôle à jouer dans cette transition. Pour ce faire, il doit sortir de son réseau d’ingénieurs et travailler avec d’autres personnes dans les domaines économistes, politiques et sociaux.

Si je devais faire passer un message ça serait de se questionner sur le chemin que la technique a fait pour arriver là où nous sommes aujourd’hui. Pourquoi malgré toutes ces efficacités technologiques, on est dans une telle situation de crise sociale et environnementale. Je vous propose donc d’explorer cette question et essayer d’aller trouver des réponses en vous instruisant, notamment au sein d’Unipoly.

Conseils de lecture

« Perspectives low-tech » qui pose les enjeux actuels du mouvement low-tech.

« Le manifeste de l’atelier paysan » qui explique la nécessité de la politisation de la technique, orienté sur le système agro-alimentaire.

Magazine « Socialter » qui permet de comprendre les enjeux de notre société à l’heure actuelle et de se politiser (dans un contexte français).

Le journal romand « le Moins » qui propose une vision de l’écologie politique et de la décroissance.

« Vertige: Dix ans d’enquêtes sur la crise écologique et climatique » une compilation de reportages en format BD.

Le petit geste facile à faire

Alexis vous propose d’aller signer la pétition pour la ferme de Bassenges qui représente un enjeu énorme pour le campus et qu’Unipoly soutient depuis longtemps. Ce type d’activités paysannes en agroécologie sont le genre d’initiatives à multiplier plutôt qu’à supprimer.

Rappelons qu’Unipoly, c’est au total treize pôles qui travaillent sur une multitude de projets. Dès lors, si vous souhaitez en savoir plus sur toutes leurs actions, rendez-vous sur leur site internet ainsi que sur leurs réseaux sociaux. Retrouvez également les trois premiers articles de cette série sur le site d’Alter.