Études en Suisse ou Suède: quelles différences?

14 décembre 2023
Sophia Kovalenko
Découvrir la vie étudiante à Lunds Tekniska Högskola, en Suède à travers une comparaison avec celle de l’EPFL. Entre l’éducation, la vie associative et le climat, on retrouve de nombreux points communs, mais aussi des aspects étranges.
La bibliothèque universitaire ©Lund University

Partir en échange durant ses études est une expérience très enrichissante sur de nombreux aspects. Cela permet notamment de sortir de sa bulle EPFL pour pouvoir voir de nouveaux horizons.

Ça c’est le speech marketing. Mais concrètement : qu’est-ce qu’il y a de si différent en fait ? Je vais comparer des aspects de la vie estudiantine de mon université d’accueil, Lunds Tekniska Högskola (LTH), en Suède avec celle de l’EPFL.

Il faut noter que Lund, en particulier l’école technique LTH, a une vie étudiante très

développée. Et environ la moitié de la population de la ville est étudiante – en gros quand tu croises quelqu’un dans la rue, c’est soit un étudiant, une étudiante soit un employé, une employée de l’université. En plus, l’université a été fondée en 1666, ce qui explique les nombreuses traditions.

L'éducation

L’année est séparée en quatre périodes, deux par semestre. Les cours sont aussi plus riches en crédits, tous mes cours en ont 7,5. (Note : certains en ont 6, notamment aux premiers niveaux du Bachelor). Ce qui signifie qu’il faut uniquement deux cours par période pour obtenir les 60 crédits nécessaires à l’année. L’horaire est donc très léger. J’ai parfois uniquement 6 heures de cours par semaine ! Il est vrai que j’ai l’impression que j’apprends moins que si j’étais restée en Suisse. Cela permet déjà de se focaliser pleinement sur la matière en cours. C’est très agréable d’être facilement à jour sur ses séries et d’arriver en révisions pour uniquement réviser, et non apprendre ! En plus, vive sa santé mentale.

Quand je suis arrivée en période d’examen et que j’ai vu qu’ils duraient tous 5 heures j’ai eu très peur. Si à l’EPFL les examens de 3 heures sont éprouvants, je n’imaginais pas à quel point ce serait long ici. Il se trouve qu’ici ils se la coulent douce, avoir autant de temps permet de ne pas stresser pour finir l’examen. Ils peuvent être finis en 2-3 heures ce qui laisse beaucoup de temps pour la relecture.

Les examens se passent souvent dans des salles de sport avec plusieurs cours différents.

Il n’y a pas beaucoup de cours mais plus de labos et de travaux par soi-même ou de groupe qu’à l’EPFL. Ce qui fait que le temps libre est en partie passé à travailler dessus. Malgré tout, il n’y a pas un chat sur le campus à partir de 17 heures. Ça, c’était un choc pour moi qui suis habituée à voir des personnes à l’EPFL jusqu’à 22 heures un dimanche soir !

La carrière est un point important dans la formation des ingénieures et ingénieurs ici. Les trois pôles de l’union étudiante Teknologkåren sont : éducation, récréation et relation avec les entreprises. A titre de comparaison, ceux de l’AGEPoly sont les services aux étudiant·es, l’animation du campus et la représentation des étudiant·es.

On retrouve cette mise en avant de la carrière sur de nombreux points. Par exemple la plus grande foire de carrière en Scandinavie, ARKAD, est organisée par l’union. Forum EPFL est la plus grande d’Europe mais elle est organisée par sa propre association. Cela montre aussi la particularité qu’ici, il n’y a pas vraiment d’associations. Tout est soi-disant une commission de l’union, c’est comme si toutes les associations de l’EPFL étaient des commissions de l’AGEPoly. (Pour info, 18 associations reconnues par l’EPFL sont des commissions). Surement le rêve pour certain.es et l’horreur pour d’autres.

Un des lieux de la foire de carrière. © ARKAD

De plus, les sections organisent des « Lunch Lectures », qui consistent en une entreprise qui vient faire un speech durant la pause déjeuner tout en nourrissant gratuitement les étudiants et étudiantes affamés. C’est un super bon plan pour les entreprises qui obtiennent de la visibilité parmi la communauté estudiantine et pour les étudiants et étudiantes qui profitent d’un (vraiment bon) repas gratuit.

De nombreuses entreprises vont aussi engager des étudiant.es pour leur petit job. Je ne connais personne qui travaille dans un restaurant, cependant j’en connais plusieurs qui travaillent par exemple chez Sony ! C’est bien sûr possible car les cours sont peu chronophages.

L'écologie

Quand on pense à la Suède, on pense peut-être à « investie à propos du climat ». Mais il se trouve que parfois dans la vie de tous les jours, bah ils ne s’appliquent pas trop. A Lausanne, on fait attention à la vaisselle réutilisable. Comme les verres et assiettes à caution, que l’on tient pour acquis, aussi durant les festivals ou encore les tupperwares des roulottes. Mais à Lund, rien n’est réutilisable lors des soirées, avec l’exception de certains cas particuliers. Les poubelles des boîtes et des fêtes sont à se tirer les cheveux : que des gobelets en plastique. C’est pareil lors de certains repas, les « sittnings », lorsqu’ils ne sont pas chics, les assiettes et les couverts sont en carton ! argh !

Un sittning et ses verres en plastique. ©D-Sektionen

En revanche, quand il s’agit de tissus, ça rigole moins. Les adorés t-shirts staff que tout le monde s’arrache à l’EPFL, ici on ne peut qu’en rêver. Bien sûr il y en a, mais tout est réutilisé chaque année ou chaque semaine. Donc on porte son t-shirt ou son polo pendant son service puis on le rend, il est lavé et réutilisé par quelqu’un d’autre à la prochaine occasion. J’imagine qu’il y a l’aspect budgétaire qui rentre en compte mais ça devrait être la même chose concernant la vaisselle.

Les bénévoles avec leurs t-shirts staff. ©Blekingska nationen

La vie étudiantes

L’associatif est une partie tout autant importante ici qu’à l’EPFL. Mais tout est principalement interne aux sections (aux « guildes »), qui je rappelle sont des « commissions » de l’union (compliqué tout ça). Donc chaque section a ses comités (ou pôles) qui organisent des événements sociaux ou de networking. Ils s’occupent aussi d’aider les étudiants et étudiantes durant leurs études en organisant par exemple du mentorat. Il y a de nombreux comités, dans ma section (D comme Datateknik – informatique) il y en a 15 !

Mon groupe de mentorat jouant au Kubb.

On retrouve tout de même l’union estudiantine des ingénieurs, Teknologkåren, qui fait parallèle à l’AGEPoly. La principale différence, c’est que le comité de direction est en année sabbatique ! Donc c’est un job à part entière, ils sont notamment rémunérés.

La période d’introduction lors du début des études est aussi très différente. Déjà, elle est ouverte à tout membre et on est d’office inclus dedans car elle est gratuite (mais certains événements sont payants). Elle dure environ 6 semaines, avec des événements plus ou moins gros tous les jours et une « Gasque » (un dîner chic avec ses traditions) qui la clôture.

La Nollegasque, qui se passe dans un château de la ville. ©D-Sektionen

Helsingborg envahie pour l’événement FlyING. ©TLTH

La première semaine se passe avant le début du semestre mais ensuite tout est durant les cours, ce qui est assez fatigant si on y participe chaque jour. Cette période (« Nollning ») est une expérience folle, à laquelle j’ai eu la chance de participer (certaines universités ne convient pas les personnes en échange). La ville de Lund, et même sa voisine Helsinborg durant une journée, se fait envahir par des gens en salopettes colorées et pleins d’événements farfelus sont organisés. Comme des courses de voitures construites en quelques jours ou encore des plongeons pour conquérir le Danemark.

N’ayant pas participé à la semaine d’introduction à l’EPFL organisée par PolySI, j’ai demandé à Mathieu, en échange à Lund en ce moment aussi, qui a pris part aux deux différents événements. Il explique que ce sont des mondes très opposés avec une ambiance très différente. La principale différence (à part le prix) est qu’en Suisse c’est dans un chalet et que tout est très organisé. Alors qu’en Suède, c’est très ouvert et aucun événement n’est obligatoire. En revanche, il n’arrive pas à dire quelle introduction il a préférée !

La guilde K essayant de conquérir le Danemark. ©TLTH

Enfin, l’ambiance estudiantine dans la ville et sur le campus est géniale. La période d’introduction aide vraiment à se familiariser avec le campus, la ville et les personnes autour. Tout comme à l’EPFL, il est difficile de s’y ennuyer !