Comment rester engagé dans son association à l’autre bout du monde

30 septembre 2024
Sophia Kovalenko
L’associatif est une partie très importante sur le campus de l’EPFL. Lorsqu’on part en échange, on se détache facilement de son association phare. Mais certains ou certaines décident de continuer en distanciel, et comment ça se passe ?
Canoë sur le lac d'Ivosjön en Suède

Avec un peu moins d’une centaine d’associations étudiantes recensées à l’EPFL, le campus fourmille tout le semestre. La majorité des étudiants et étudiantes rejoignent une association durant leurs études. Certains et certaines n’y trempent que les pieds tandis que d’autres y vendent leur âme. Mais en troisième année de Bachelor, lorsque certaines personnes se motivent finalement à faire de l’associatif, nombreux sont ceux qui partent en échange à l’étranger.

Est-il possible de combiner les deux ? Participer aux réunions, travailler à distance, etc. ?

 

Mon expérience

Lors de mon échange à Lund en Suède, j’ai eu l’occasion de rester dans le comité d’Artepoly en tant que webmaster. Je devais donc gérer le site web, par exemple tenir à jour les pages des différents pôles.

« Ouvve », la salopette de la section avec un patch Artepoly

Pour être honnête, je n’ai pas eu beaucoup de problèmes à m’occuper de ceci. Artepoly n’est pas une commission qui a énormément besoin de son site internet, la majorité des personnes préfèrent se renseigner sur notre Instagram.  Il n’y a donc pas besoin d’être sur place pour s’occuper du site web, ni d’aller en réunion. Je pouvais par exemple lire les points principaux dans les Procès-Verbaux (PV). Et si quelque chose était urgent, on me contactait directement.

J’ai bien aimé m’occuper de ceci car j’avais beaucoup de temps libre et je pouvais aussi procrastiner mes cours. J’ai notamment pu apprendre plein d’outils à mon rythme sans devoir stresser pour mes cours. En plus, cela m’a permis de garder un pied dans la commission pour pouvoir continuer cette année dans le comité (et même rejoindre la présidence). C’était aussi agréable de s’occuper de quelque chose de familier tout en étant à l’étranger dans un tout nouvel environnement.

Mais il y a bien sûr toujours des inconvénients. Le principal était les personnes qui ne répondaient jamais aux messages, en général on peut simplement croiser la personne en réunion mais donc à distance, c’était difficile. En plus on rate tout de même beaucoup. Tout n’est pas noté sur le PV, surtout les blagues et l’ambiance. On ne rencontre pas non plus les nouvelles personnes qui rejoignent la commission durant l’année.

De mon point de vue, il est possible de se consacrer à l’associatif tout en étant à l’étranger.

Peinture d’une bannière pour la section

Mais est-ce toujours aussi facile de rester engagé dans son association lorsqu’on est en échange ? Pour le savoir, j’ai posé quelques questions à Simon et Arthur qui ont vécu une expérience similaire. Simon était membre du comité de Sailowtech en tant que webmaster également. Depuis son pays d’accueil, la Finlande, il était dans l’équipe communication. Arthur quant à lui, fut plus ambitieux sur le poste. Parti en Suède, il faisait partie d’un trio de coprésidents à Artepoly.

Quelles étaient tes tâches ?

Simon (S) : Les tâches classiques de webmaster, donc mettre à jour le site et poster les articles. Durant l’année j’ai aussi travaillé sur la refonte du site. Tout était un peu vieux et il a fallu tout réorganiser. J’étais tout seul la majorité de l’année mais on m’a assigné quelques personnes pour m’aider à refaire le site.

Simon en randonnée dans le nord de la Finlande

Arthur (A) : Il y a toujours plusieurs parties dans les responsabilités d’une présidence. Depuis la Suède, je m’occupais des travaux dans l’ombre. Je touchais à tout l’administratif. Donc envoyer des mails, faire les demandes de subventions, les RITM (Requestem Item, lors des réservations de salles par exemple), bref le bonheur. Je venais toujours aux réunions qui se tenaient toutes les 2 semaines. On les faisait en amphithéâtre et j’étais projeté sur le grand écran via Zoom, donc tous les membres me voyaient en énorme tandis que moi je ne voyais que la masse et les gens en tout petit. C’était mythique. Ça a donné quelques rencontres gênantes lorsque je revenais en Suisse et qu’on me croisait dans les couloirs en me disant bonjour mais je ne reconnaissais personne !

Le trio de coprésidents d’Artepoly (Pierre, Jeanne et Arthur)

C’était difficile de t’organiser ?

S : J’ai un peu mis mes devoirs de webmaster au second plan. Lorsqu’on est en échange, on a envie de profiter et d’être sur place. Participer aux événements à l’université, voyager, etc. Les cours étaient plus tranquilles qu’en Suisse mais comme les Finlandais préfèrent le contrôle continu, j’avais souvent des deadlines pendant l’année. Pour le site, on ne m’a pas mis beaucoup de pression. Mais donc sans cette pression et sans croiser personne du comité, il est difficile de s’y mettre tout seul. L’association n’est pas autour de toi pour te motiver. C’était compliqué, surtout que je n’avais pas beaucoup de réunions et je travaillais seul. Cela a changé lorsqu’on a créé une petite équipe pour refaire le site, c’était beaucoup mieux.

A : Au début de l’année, j’ai fait beaucoup pour la commission. Je n’ai donc pas vraiment profité des événements sur place en Suède. Il y a eu un moment en octobre où j’en ai eu vraiment marre, donc je suis parti en voyage avec un ami dans un endroit sans réseau. Ça m’a fait énormément de bien. J’ai ensuite décidé de changer ceci et j’ai organisé mon temps en périodes de rush.

La randonnée sans réseau

S’organiser avec les 2 autres coprésidents s’est bien passé. On communiquait bien, c’était la période où tout le monde faisait des zooms. Nous avions réparti les tâches pour que je puisse faire un maximum à distance, mais comme dit précédemment, ils étaient un peu le visage de l’association et moi je n’étais que l’ombre.

Quels étaient les avantages ?

S: Sailowtech est un projet intéressant et motivant. Il était facile de faire webmaster car je m’y connais étant en informatique. Je n’avais pas de pression et je pouvais choisir mes heures. La charge était assez tranquille, à part lorsqu’on a refait le site.

Petit lac caché en Finlande © Simon

A : J’aimais trop Artepoly, j’avais rejoint 2 ans avant et beaucoup de projets étaient en cours. La commission était en éclosion et j’avais l’impression qu’il était trop tôt pour partir. J’étais un peu dégoûté de partir à ce moment-là. C’était le seul moyen de rester attaché car je ne voulais pas rater ce moment clé (on est passé de 5 à 60 membres cette année-là, notamment grâce à Superboom). Ça m’a donc permis de jouer un rôle dans le développement d’Artepoly et de rester rattaché à l’EPFL.

Voyage aux Lofoten ©Arthur

Et les inconvénients ?

S : J’aimais voir le comité. Je n’ai pu faire aucun teambuilding et je n’ai donc rencontré personne. C’était le gros point noir de cette expérience. Lorsque tu t’engages dans une association, il y a toujours un moment dans la semaine où tu retrouves les gens et tu peux leur parler. C’est ce qui m’a beaucoup manqué.

A : J’avais vraiment tout le sale boulot comme je ne pouvais rien faire en présentiel. Je n’ai jamais vraiment eu le moment où j’ai pu voir le résultat de mon travail. Tu ne vois pas les gens, tu n’as pas leur retour, tu ne ressens rien. En plus quand je suis rentré, j’ai eu l’impression d’avoir une barrière entre les autres personnes et moi. Je me sentais aussi parfois impuissant comme beaucoup se passait en présentiel, notamment les réunions avec l’AGEPoly.

Mais les 2 autres coprésidents ont fait un maximum pour tout filmer, prendre des photos, bref m’inclure au mieux. Et j’en suis très reconnaissant.

Est-ce que tu le recommanderais ?

S : Oui mais il faut mettre des limites sur sa disponibilité et sa flexibilité. En échange, il n’y a pas les mêmes horaires et périodes de rush qu’à l’EPFL.

Aussi, il faut être motivé par le projet, ça ne sert à rien d’y participer si ce qui tient à cœur n’est que les personnes dans l’association.

A : Ça dépend, ça dépend à qui, ça dépend du caractère. Il faut pouvoir rester motivé car faire les trucs ennuyeux sans avoir le retour c’est dur. Soit il faut avoir une association qui te tient à cœur, soit tu n’aimes pas le pays dans lequel tu vas !

Une anecdote ?

S : J’ai fait la refonte du site entre minuit et 4h du matin dans un train de nuit pour aller en randonnée au nord de la Finlande à cause d’une deadline !

Simon dans le nord de la Finlande