L'énergie éolienne aérienne, un coup de jeune aux éoliennes conventionnelles
En parallèle du développement des éoliennes conventionnelles, de plus en plus de projets s’intéressent au potentiel de l’énergie éolienne aérienne. Il s’agit d’utiliser l’énergie vélique à des altitudes qui ne sont pas atteignables avec des éoliennes classiques. Des dispositifs tels que des kites ou des ballons mécaniquement connectés au sol permettent d’atteindre ces hauteurs où le vent est bien plus constant. En termes d’impact économique, ces systèmes aériens sont également très intéressants car ils sont bien plus légers et nécessitent donc bien moins de matière pour leur fabrication qu’une éolienne conventionnelle.
Trois principales directions sont possibles avec ces dispositifs. La production d’électricité avec un module de puissance posé au sol, la production d’électricité avec un module directement embarqué dans le système aérien et finalement la traction de bateau. Le but de cette dernière utilisation est d’alléger l’effort fourni par le moteur et par conséquent sa consommation de carburant. De nos jours, le secteur maritime génère environ 3% des rejets globaux de gaz à effet de serre, soit l’équivalent du total des émissions de l’Allemagne. L’utilisation de l’énergie vélique a le potentiel de réduire de presque 20% la consommation de carburant dans le transport maritime. C’est autour de ce potentiel que l’équipe d’AEther construit son projet.
L'histoire du projet AEther
Le projet AEther est né début 2024 mais il est possible de remonter sa trace jusqu’en 2019 avec la naissance de SP80. SP80 est également une association étudiante de l’EPFL créée avec le but de pulvériser le record du monde de vitesse à la voile. Pour arriver à son objectif de vitesse de 80 noeuds (environ 150km/h), l’équipe a construit une fusée nautique tractée par une aile de kite. De nombreuses recherches ont été faites tout au long du projet notamment sur l’aile de kite et son contrôle. Fin 2023, le projet SP80 a été muté avec le bateau final dans le sud de la France, un endroit idéal pour le record par ses conditions de vent. Ce choix de relocalisation a laissé le côté étudiant du projet un peu désœuvré sur Lausanne. Il y avait donc deux options, soit laisser tomber le projet côté associatif soit le relancer avec une nouvelle idée, une nouvelle image, une nouvelle direction. Et cette nouvelle direction c’est le projet AEther!
Aether est désormais une association MAKE d’environ 30 étudiantes et étudiants. En partant des recherches réalisées par SP80 et en menant de nouvelles, ils développent leur système de contrôle d’aile de kite qui peut être « plug and play » sur n’importe quel type de bateaux.
Leurs objectifs à court et moyen termes
Depuis le lancement du projet AEther, un premier prototype a été réalisé, qu’ils contrôlent uniquement grâce à une télécommande. Le contrôle de l’aile est d’abord statique, c’est à dire la maintenir à un endroit précis de la fenêtre de navigation. Un simulateur statique a également été développé afin de donner les forces de traction du kite en fonction de sa position. La seconde étape sera de passer au côté dynamique en cherchant à faire travailler le kite dans sa fenêtre. Le plus compliqué reste le décollage et l’atterrissage.
Au cours de l’année 2025, leur objectif est d’intégrer le module de contrôle au prototype de SP80. Ce prototype qui a déjà navigué sur le lac il y a quelques années va reprendre un coup de fraicheur et être adapté au mode de traction par un kite. Design et prototypage de nouvelles pièces sont donc à prévoir pour les prochains mois.
L’année suivante sera dédiée à obtenir un module 100% autonome avec un simulateur efficace. Le projet a pour but final d’impacter positivement le transport maritime et surtout de former des étudiantes et étudiants.
Les personnes intégrées dans le projet viennent de différents horizons. Génie mécanique et matériaux pour la partie design, fluides ou prototypage, élecs pour le contrôle des moteurs et les capteurs de position ou de force par exemple, mais également microtechnique, robotique ou génie civil. Il est également possible de réaliser un projet de bachelor ou de semestre au sein d’AEther.
A la rencontre de Sebastien Azevedo, ancien membre de SP80 et désormais team leader meca et VPP (simulateur) de AEther
- Qu’est est le principal atout de votre projet?
Si l’on regarde tous les projets professionnels qui commencent à prendre de l’ampleur, les équipes se retrouvent souvent avec des prototypes trop grands et donc trop chers à produire. Avec des investisseurs qui veulent un produit fini, ce n’est pas compatible. Ils manquent donc souvent de temps ou d’argent pour finaliser leur projet et proposer un module 100% fiable. En tant que projet étudiant, on est beaucoup moins impacté par ce poids de résultats et de performances. Notre objectif premier c’est de former les étudiantes et étudiants en prenant le temps de développer une technologie intéressante et non de faire de l’argent avec le projet.
- Qu’est-ce que ce projet t’apporte personnellement ?
Tout ce qu’on n’apprend pas dans les bouquins : travailler avec les gens, s’intéresser à d’autres domaines que ceux de tes études. Le cadre n’est pas forcément des plus professionnels mais on apprend la rigueur, la productivité, la gestion de délais et de budget, le leadership.
- D’où vient le nom Aether?
Lorsqu’on cherchait un nom pour le nouveau projet, on a assez rapidement pensé à lui donner un nom de vent. En cherchant les noms grecs je suis tombé sur AEther qui signifie le vent céleste, la personnification du ciel bleu. J’ai trouvé que ça sonnait bien [rires].
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le projet, rendez-vous sur leur compte instagram aether.swiss.kite ou venez rencontrer l’équipe lors des différents évènements sur le campus.