L’association Unipoly vise à sensibiliser les étudiant·e·s de l’UNIL et de l’EPFL aux enjeux écologiques et à amorcer des discussions sur des sujets sociétaux liés à l’environnement. Elle défend également les intérêts écologistes auprès des administrations de ces institutions. Ses activités sont variées : organisation de repas à base de nourriture invendue, animation de la Semaine de la durabilité, et bien plus encore.
Le freeganisme ?
Le freeganisme est un mode de vie alternatif consistant à consommer principalement ce qui est gratuit et végan. Il s’appuie sur des réseaux d’entraide pour dénoncer le gaspillage alimentaire et la pollution générée par les déchets.
Fondé il y a dix ans à l’EPFL, le Castor Freegan collabore aujourd’hui avec les deux plus grandes Migros du canton de Vaud. Les invendus sont récupérés chaque semaine pour être redistribués ou cuisinés.
Pourquoi avoir rejoint l’association ?
Le gaspillage alimentaire est un problème majeur. Une grande partie de la population mondiale souffre de faim, alors qu’un tiers de la nourriture produite est jetée. Les ménages, notamment, gaspillent souvent à cause d’une mauvaise gestion des aliments. D’un point de vue écologique, offrir des invendus aux étudiants, parfois en situation de précarité, donne tout son sens à nos actions.
Quelle quantité d’invendus récupérez-vous ?
Nous ne récupérons que les invendus d’une seule journée, car les supermarchés ne peuvent pas les conserver plus longtemps. Cela représente environ 30 grandes caisses, soit de quoi remplir une petite camionnette. Pour des raisons d’hygiène, nous n’acceptons ni viande, ni poisson, ni produits laitiers. En revanche, nous avons des fruits et légumes à profusion, ainsi que du pain, des viennoiseries et des plats préparés.
Quelles sont vos actions ?
Cette année, nous avons un nouveau partenariat avec la Migros de l’EPFL, un magasin relativement petit. Chaque vendredi, nous recevons environ une caisse d’invendus, que nous mettons à disposition devant le local d’Unipoly, au CM. Nous collaborons également avec Point Vélo, qui récupère des produits. Une partie de ces invendus est aussi proposée devant leurs locaux. Tout est gratuit, mais une donation libre est appréciée pour couvrir les coûts logistiques.
L’un de nos événements phares est la « Disco Soupe », une journée dédiée à la cuisine d’invendus à la Maison de la Durabilité au Vortex. Tout le monde est bienvenu, que ce soit pour cuisiner ou partager le repas à la fin. Nous participons également ponctuellement à des événements tels que le Festival des Futurs Durables de l’UNIL, le Black Freeday ou les Chalets de l’Avent à l’EPFL, souvent sous forme de catering où les membres de l’association cuisinent et distribuent des plats au public.
Quelles recettes préparez-vous ?
Cuisiner avec des invendus est à la fois amusant et un défi, car il faut adapter les recettes aux ingrédients disponibles, et non l’inverse. Nous préparons souvent des plats à base de légumes, comme des soupes, gratins, salades ou currys, ainsi que des desserts à base de fruits, tels que des crumbles ou du banana bread. C’est majoritairement végan et l’occasion idéale pour découvrir des légumes anciens ou des fruits exotiques.
Manger des invendus, est-ce risqué ?
Les supermarchés ne peuvent conserver les aliments qu’un temps limité sur leurs étalages pour des raisons sanitaires. Parfois, un fruit abîmé dans un lot entraîne le rejet de tout le paquet. Concernant les viennoiseries et le pain, ils sont simplement de la veille, et un passage au four les rend à nouveau délicieux. En revanche, il est déconseillé de consommer un fruit moisi après en avoir retiré la partie abîmée par exemple.
Pourquoi y a-t-il autant d’invendus ?
La mentalité d’abondance joue un rôle majeur. Les clients s’attendent à trouver des étalages toujours pleins, du matin au soir. Pour répondre à cette demande, les supermarchés sur-prévoient les stocks, ce qui génère inévitablement des invendus.
Les supermarchés agissent-ils contre le gaspillage alimentaire?
Les supermarchés doivent payer une taxe proportionnelle à leurs déchets. Cela les incite à collaborer avec des associations comme la nôtre, d’autant plus que nous prenons en charge la logistique. Toutefois, revaloriser les invendus n’est pas sans risque pour eux : un contrôle sanitaire pourrait leur poser des problèmes si une contamination était détectée.
L’EPFL agit-elle suffisamment contre le gaspillage alimentaire?
L’EPFL a mis en place le plan 2030, mené par Bruno Rossignol, chef de la restauration, en collaboration avec Rémy, ancien chef du Foodlab. Parmi les initiatives, on trouve une augmentation des menus végétariens ainsi que la vente de box à 5 CHF les mercredis et vendredis midi, contenant les restes du service. Ils pèsent et filment les déchets alimentaires aussi, pour mieux ajuster les portions et proposer des menus qui plaisent.