Du Rolex à la table de mix

18 septembre 2023
Sophia Kovalenko
On continue la série des étudiants et étudiantes qui ont un job à côté des études avec cette fois ci une activité un peu plus hors du commun. On se retrouve avec Joyti Goel qui, d’origine indienne et française, a grandi à Londres. Il est étudiant en Systèmes de Communication en 3ème année. Il est organisateur d’événements et DJ sous le nom de « VALERIAN ». Il est passionné par la musique, surtout la House, et veut partager son enthousiasme aux étudiants et étudiantes en organisant des soirées.
©untamed.lausanne soirée ASTROWORLD

En quoi consiste ton job ?

J’organise des soirées estudiantines, soit en boîte, soit dans d’autres lieux. Tu as sûrement déjà vu des pubs pour des soirées « d’untamed.lausanne ». Je suis aussi parfois parmi les DJ qui mixent dans ces événements.

Maintenant je commence à avoir un nouveau concept qui n’est pas limité aux étudiants et étudiantes. N’importe quelle personne qui aime la musique est conviée. Je vais quand même continuer à organiser des soirées étudiantes importantes pour des événements comme Halloween ou la fin des examens par exemple.

J’organise surtout des soirées dans les alentours de Lausanne, mais je commence à m’étendre à Genève aussi. Je suis totalement indépendant, ce qui rend mon travail flexible.

Comment et quand as-tu commencé?

J’ai commencé à mixer de la musique quand j’étais en BA2, donc il y a 2 ans. C’était pendant le Covid, il n’y avait aucune grosse soirée mais les gens voulaient se rencontrer. J’ai donc commencé à aller au bord du lac avec une soundbox et je mixais. J’étais connu sous le nom du « DJ de Vidy ». On pouvait finir à 200-300 personnes et j’ai eu quelques soucis avec la police qui m’a amendé.

J’adore mixer mais je me suis également lancé dans l’organisation d’événements. A Londres, j’ai toujours eu une réputation d’un débrouillard, d’un « hustler ». Le fait que je sois complètement indépendant – mes parents ne me supportent pas financièrement, n’a fait que de me motiver.

C’est aussi une opportunité pour me mettre en avant en tant que DJ. Je peux par exemple me mettre sur la line-up pour chauffer la salle, ça m’aide à me faire connaître. Surtout qu’un DJ produit sa propre musique mais en ce moment c’est compliqué pour moi avec les cours. Comme beaucoup de monde j’aimerais vivre de ça et faire des tournées mondiales, mais il faudrait que je finisse mes études [rires].

J’ai rencontré la personne qui organisait les soirées à l’EHL (ndlr : Ecole Hôtelière de Lausanne) lors d’un de ses événements où j’ai mixé. Il voulait s’étendre à l’EPFL et à l’UNIL et il m’a proposé de s’associer. J’ai donc créé « untamed.lausanne ». Mon partenaire gère les personnes de l’EHL, moi celles de l’UNIL et de l’EPFL et ensemble on les regroupe. Le premier événement était fin mars 2022 et c’était un succès. On a ensuite continué à organiser des soirées au D! Club puis notre grand événement pour nouvel an 2023 au Starling Hôtel à St-Sulpice.

Quelle est ta liste de tâches pour organiser une soirée?

Alors déjà ça va dépendre du type de soirée. Par exemple en boîte, notamment au D!, c’est surtout du marketing et de la promotion. Ils ont tout le système son et le bar. Je m’occupe donc de ramener les gens, booker des DJs, créer le thème ou le concept (ce qui manque souvent dans les soirées étudiantes de base) et faire la décoration.

Pour la promotion, j’essaie de viser le bouche-à-oreille, c’est le meilleur moyen de faire tourner une fête.

Cependant, quand on parle d’une soirée du même type que celle au Starling, le travail est exponentiel. Il y a toutes les lumières, le son à louer et à installer. Il faut trouver une salle, des Securitas, des DJ, faire la décoration, faire une licence pour vendre de l’alcool, etc. Il y a tellement de détails, en allant à une soirée on ne s’en rend pas compte. Par exemple pour le vestiaire, il faut trouver où acheter les cintres et les petits billets. Et j’en passe.

Plus c’est grand, plus c’est chaud à organiser.

Quels sont tes horaires?

Ça va dépendre de la taille de l’événement et des heures qu’on est prêt et motivé à mettre. Donc ça dépend totalement de la personne.

Lors d’un événement avec une boîte, par respect il faut rester jusqu’à la fin de la soirée, donc environ 4 à 6 heures du matin. C’est parfois difficile donc il m’arrive de partir avant si j’ai une personne de confiance qui reste sur place. Lorsqu’on organise des soirées nous-mêmes, on doit rester jusqu’à la fin pour tout désinstaller, nettoyer etc.

 

Comment tu t’organises?

Ce n’est pas facile. Je ne suis pas un surdoué et je n’ai pas des notes incroyables. En deuxième c’était assez difficile et j’avais beaucoup de stress – même si de toute façon il y en a toujours. J’ai donc décidé l’année passée de faire ma troisième année en deux ans. Ça me permet de me mettre moins de pression pour les cours et de moins devoir travailler dessus. Je me suis tout de même rendu compte que je ne pouvais pas tout faire tout seul, j’ai donc trouvé un deuxième associé pour agrandir mes projets.

Mais je suis plus impliqué dans la musique que dans mes études et c’est dur. Lorsque je viens au Rolex je me sens mort, ce n’est pas facile mentalement. Tous les jours je me questionne à quitter l’EPFL, je m’imagine comment je vivrais et je me demande si ça en vaut la peine.

Mais les connaissances informatiques que j’acquiert vont m’aider dans ma carrière d’entrepreneur. En plus, je suis en troisième année et j’ai lutté pour arriver jusqu’ici donc ce serait dommage de quitter maintenant.

J’apprends mieux tout seul, je suis donc allé à aucun cours le semestre passé. Ce qui me permet de m’organiser totalement indépendamment.

J’ai quand même décidé de ne pas continuer au Master car je veux foncer sur mes rêves.

Qu’est-ce que ça t’apporte?

Organiser des soirées étudiantes m’apporte de l’expérience dans le domaine de l’événementiel. Ça me permet de me lancer dans mon futur travail, j’ai trouvé ma passion. J’aime voir les sourires des gens et créer des opportunités de faire de belles rencontres pour les autres. Lorsque je suis DJ, j’adore la connexion que je peux avoir avec la foule et le voyage sur lequel je peux l’emmener.

Je peux commettre des fautes maintenant, car tout le monde en fait au début, il le faut pour apprendre des leçons. Il faut se faire arnaquer et arnaquer. Avec le business il y a l’égoïsme, on va toujours être victime de ça, il faut donc connaître son égo et pouvoir le maîtriser. Si je continue, dans 10 ans je serai un expert dans le domaine, même s’il y aura toujours des nouvelles choses à apprendre. En plus, ça me permet de rencontrer des gens et de me faire des contacts.

Les soirées sont payantes donc on arrive à faire certains profits dessus même si en Suisse c’est compliqué car tout est cher. Il faut avoir une bonne stratégie.

Dans le futur, j’aimerais organiser des événements où tout le monde se sent bien, qu’ils aient une bonne expérience. Tu vois la joie des gens, c’est ce qui me fait plaisir.

Quels sont les points négatifs?

C’est le monde de la nuit, l’alcool, les drogues, etc. sont présents et les tentations sont grandes. Donc en tant que futur DJ, il faut que je fasse attention à ma santé et que je sache dire non quand il le faut. C’est connu, de nombreux artistes ont des problèmes cardiaques. Mais je fais déjà attention, par exemple je limite ma consommation d’alcool pour ne pas me sentir mal le lendemain, ce que je déteste.

Lors du travail promotionnel, il faut énormément être sur l’écran. Faire les posts sur Instagram, envoyer des messages, etc. Moi qui n’aime pas être trop sur mon écran c’est compliqué [rires]!

Il y a aussi le doute. Ça vient par vagues, je me pose souvent la question : Comment je vais faire pour gagner ma vie ? Mais ensuite je réalise qu’au final, tout est possible. Le plus important c’est la croyance, la première marche des grands escaliers, sans elle la possibilité n’est pas ouverte, il faut croire en soi-même.

Pour l’instant, je n’ai pas encore assez vécu dans ce monde de la musique pour avoir beaucoup de points négatifs, il faudra revenir dessus dans quelques années [rires] !

Une anecdote marrante?

J’ai organisé une soirée dans un espace de coworking avec un rooftop à Genève. C’était un jeudi soir, donc le lendemain à 7 heures les gens devaient venir pour travailler. La soirée s’est finie à 4 heures du matin. Donc jusqu’à 6 heures et demie nous étions en train de tout nettoyer, remettre en place les meubles, aérer pour faire comme si de rien n’était [rires].
En plus, lors de la soirée, nous avions une marque de CBD comme sponsor qui m’ont donné une plante de cannabis pour me remercier. Au retour, donc à environ 7 heures du matin, nous étions dans la voiture avec cette énorme plante qui sentait tellement fort que je n’ai pas osé la prendre dans le train pour rentrer à Lausanne [rires].

 

Je remercie Joyti de m’avoir accordé de son temps pour cette interview ! Si vous voulez découvrir sa musique, son Instagram est @valerianmusiclover. Sa prochaine soirée se passe le jeudi de la rentrée au D ! Club, n’hésitez pas à aller faire un tour sur @untamed.lausanne pour plus d’informations !

 

Si vous avez aussi une expérience avec un travail à côté des études que vous aimeriez partager, n’hésitez pas à me contacter par email à sophia.kovalenko@epfl.ch !

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